Créé en novembre 2007, le laboratoire junior « Littératures et études postcoloniales. Les outils théoriques à l’épreuve des textes » réunit des doctorants, élèves et anciens élèves de l’ENS-LSH, qui, dans leurs travaux, rencontrent les études postcoloniales. Il est né de la volonté commune de jeunes chercheurs de clarifier certaines notions et certains apports de ces théories. En effet, cet ensemble théorique est difficile à saisir en tant que tel. D’une part, sous l’appellation « postcoloniale », on regroupe ordinairement un ensemble de travaux disparates dont les apports sont variés et inégaux. D’autre part, nées dans les universités anglo-saxonnes où elles ont été relativement institutionnalisées, les études postcoloniales font leur entrée dans la recherche francophone alors même qu’elles sont l’objet de débats et de critiques.

Le laboratoire junior n’a pas voulu adopter une démarche qui tente de subsumer cette disparité dans un système, mais il cherche à tirer parti de ces différences et de ces tensions. Il témoigne du désir de clarifier les usages possibles d’outils théoriques conçus dans le cadre des études postcoloniale, appliqués au domaine de la littérature comparée, de la littérature francophone et de la sociologie de la littérature. Préférence est accordée aux lectures ponctuelles plutôt qu’au regard surplombant : l’objectif est de préciser le sens de certaines œuvres et de certaines notions, de mettre au jour les difficultés et les zones d’ombre qu’elles révèlent, de faire apparaître leur spécificité. Une lecture serrée permet en effet de resituer une œuvre ou une notion dans son contexte ; on peut alors évaluer sa pertinence relative et penser son application à d’autres contextes, à d’autres domaines de recherche. Un tel travail paraît d’autant plus nécessaire dans le cas des théories postcoloniales qu’elles se fondent justement sur une attention exacerbée au contexte de production littéraire et intellectuel.

Le laboratoire junior travaille sur deux plans. Des séances de travail en groupe sont consacrées à la lecture rapprochée de textes théoriques majeurs et à l’écriture de compte-rendu et de mises au point sur les notions étudiées. Il cherche à susciter le dialogue en invitant, lors de journées d’étude, des chercheurs dont les travaux soulèvent des questions clefs dans le champ des études postcoloniales. La réflexion critique s’articule à un souci de prendre en compte la diversité des approches et le caractère pluridisciplinaire des théories postcoloniales : les journées d’études font ainsi se rencontrer les études littéraires avec la sociologie, les études de genre, l’histoire… Les membres du laboratoire proposent aussi des lectures ponctuelles qui permettent d’éclairer un auteur, un aspect ou une notion issus des théories postcoloniales : sous la forme d’articles ou de comptes-rendus de lecture, des outils critiques pour l’appréhension des textes sont alors soumis à la réflexion du lecteur.