Malfini, publication exploratoire des espaces francophones


Nous avons choisi ce nom de Malfini en référence et hommage à Edouard Glissant (1928-2011), écrivain français né en Martinique, ayant vécu aux Etats-Unis. Ce nom de malfini désigne un oiseau mal défini ou plutôt ce nom vernaculaire se confronte à une pluralité de référents dans la réalité, il est l’objet de discussion, d’étymologies populaires. Malfini sonne et se lit tel un mot français, sa morphologie, son étymologie, sa forme sont françaises et cependant il résiste à l’immédiate compréhension. Il peut devenir emblématique de notre rapport non-simplifié à ce qui est tout à la fois notre objet d’étude et notre point de départ, les espaces francophones. Ce terme même d’espace francophone n’est pas sans difficulté, pour désigner ces espaces où la langue française se parle, où elle circule, il peut sembler masquer les interactions plus ou moins complexes avec une autre, d’autres langues. En tant que francophones nous-mêmes, les pluralités linguistiques des espaces francophones nous confrontent à l’étrangeté dans la familiarité, à l’écart, à la mise en doute de l’universelle compréhension. De même que ces espaces francophones hors l’hexagone nous obligent à mener une réflexion post-coloniale, qui prenne en compte l’histoire coloniale et l’histoire de la diffusion du français. Nous avons pensé cette publication évolutive comme le lieu d’expériences d’écriture multiples, un lieu de côtoiement de textes hétérogènes, de voix différentes et parfois non entendues ensemble, lieu d’écritures singulières ou collectives. Exploratoire donc dans un sens méthodologique, celui de tenter d’autres écritures que celles strictement définies par un cadre ou un autre : ni écriture scientifique, ni écriture essayiste, ni écriture littéraire, mais tout cela à la fois. Malfini dès lors peut aussi qualifier les tentatives d’écriture travaillées ici, non finies, infinies. Publication exploratoire aussi car interdisciplinaire, cherchant à faire dialoguer ensemble sur des objets communs ou connexes, étudiants et chercheurs en littérature, géographie, histoire, sociologie, linguistique, étudiants et chercheurs mais aussi artistes, ou artisans, ou travailleurs sociaux, ou voyageurs, etc. Exploratoire enfin par goût pour la mise à l’épreuve du réel. Aller voir sur place, se coltiner au réel, s’y frotter, croire aux vertus des rencontres, de celles qu’on ne fait pas dans les livres, à la vertu des cheminements et déambulations, des liens fortuits qui construisent peu à peu une intelligibilité, mais aussi qui complexifient.

Cette publication consiste en une série de dossiers évolutifs. Le premier de ces dossiers, intitulé «Polyphonies foyalaises » a été réalisé suite à un voyage d’étude mené en Martinique en avril 2005.
Le dossier Varia accueille différents textes d'étudiants, produits au fil des années, proposant un parcours dans divers domaines des littératures francophones. Le dossier Littératures postcoloniales accueille des travaux proposés par le Laboratoire Junior "Littérature et études postcoloniales. Les outils théoriques à l’épreuve des textes". Le dossier Parodies, pastiches, réécritures accueillent des textes écrits en contre-point du colloque du même nom organisé dans le cadres des Entretiens Jacques Cartier à l'Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences humaines.

Cécile Van den Avenne

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